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La mort de l’homme

la mort de l’homme ?

 

Qu’est ce que la philosophie ? Concept étrange pour certain, étonnant pour d’autres, et mystérieux pour la majorité. En effet, ce concept évoque souvent d’emblée ce qui se situe dans « l’au-delà », c’est-à-dire tout ce qui enveloppe les questions dîtes « métaphysiques ».

Pourquoi cette connotation aussi mystérieuse ? Pourquoi avoir cette « image » du philosophe, comme un individu rêveur, une personne qui pense, qui se donne à penser, qui cherche à tout prix à répondre à des questions existentielles, à savoir, qui sommes nous, d’où venons nous et où allons nous ?

 

 

Quel est le « rôle » de la philosophie ? est- ce possible de parler du « rôle » de la philosophie ? Ne serait-elle pas le lieu de la réflexion ? réfléchir sur nous même en réfléchissant sur le monde, sur autrui, n’est-il pas une des principales fonctions de la philosophie ?

Le philosophe est donc celui qui est appelé à avancer par la réflexion, à  construire une réflexion, et par là même, à se construire à travers la réflexion. L’homme doit se construire à travers une réflexion censée, c’est-à-dire une philosophie réaliste. L’homme doit s’épanouir à travers la réflexion dans le sens, où la philosophie doit montrer à l’homme, non pas où il désire aller, mais là où il faut qu’il aille pour vraiment se construire. La philosophie réaliste est donc cette philosophie qui donne à l’homme le sens même de son être, le sens même de son existence. L’homme doit devenir ce qu’il est réellement, ce qu’il est vraiment. S’il doit devenir ce qu’il est, c’est-à-dire s’il doit devenir ce qui le fait être, alors, cela reviendrait à souligner qu’il n’est pas ce qu’il voudrait être. S’il n’est pas ce qu’il désire être, alors il n’est pas. Il n’est pas, il paraît être. S’il paraît être, c’est qu’il n’est pas. La philosophie réaliste doit donc permettre à l’homme de devenir ce qu’il souhaite vraiment être, c’est-à-dire un homme, un être en Esprit et en Vérité. L’homme doit être un homme non influencé et non influençable.

Le philosophe doit permettre à l’humanité de tendre, vers ce à quoi finalement tout le monde tend à être : un être en esprit et en vérité, c’est-à-dire un être réaliste, un être vrai, tout simplement un homme.

 

La philosophie est donc ce chemin que nous devrions tous prendre pour permettre de se connaître : ce chemin mystérieux certes, mais qui  permet de s’approcher du mystère de l’homme.

 

La philosophie n’est pas morte. C’est l’homme qui ayant peur d’elle, car ne sachant qui est-elle exactement, s’enfuit. Ce n’est pas la philosophie qui est morte, mais c’est l’homme qui  meurt, qui se meurt par et dans le monde. En effet, le monde fait mourir l’homme. La société fait mourir l’homme. L’homme meurt petit à petit sous le poids de la société, et plus exactement sous le poids de la société de consommation. Cette société actuelle assomme l’homme. L’homme pensant tout maîtriser, ne maîtrise finalement que peu de chose. La société a pris le dessus. C’est elle qui maîtrise l’homme en lui faisant croire qu’il l’a maîtrise. C’est tout le paradoxe. La société fait avancer l’homme. L’homme n’avance finalement plus tout seul. La société impose à l’homme les nouvelles technologies. L’homme se laissant séduire par cette nouveauté s’engouffre en elle, et pense la maîtriser.  Et c’est tout le contraire ! La société maîtrise l’homme en le maîtrisant sans que ce dernier ne s’en aperçoive. La société est donc manipulatrice.

 

L’homme meurt par le monde, l’homme meurt dans le monde. L’homme meurt par lui-même, c’est-à-dire que l’homme se fait mourir. L’homme participe à sa propre mort. L’homme est responsable de sa propre mort, bien- entendu, non pas au sens premier du terme, mais au sens moral. L’homme est responsable de sa perdition. La société empêche l’homme d’avancer. Elle fait avancer dans une vision utopique. La société prive l’homme de l’essentiel, c’est-à-dire de son identité. L’homme a une perte d’identité en se perdant dans la consommation. C’est ainsi qu’il y a une crise d’être dans le sens, où l’homme ne sait plus aimer : la société impose à l’homme sa façon d’aimer : aimer le paraître. La société de consommation demande à l’homme de paraître comme elle le souhaite (la mode). On aimer plus une personne pour ce qu’elle est, mais pour ce qu’elle a. Et c’est un immense danger ! On ne doit pas aimer une personne pour ce qu’elle a, mais pour ce qu’elle est : une personne humaine. Le paraître doit obligatoirement s’effacer pour laisser l’ Etre s’épanouir, s’émerveiller, et par la même, Etre.

L’homme doit avoir le courage de dire « Non ». Il doit avoir le courage d’aller à contre courant de la société.  Il doit avoir le courage d’aimer une personne non pas pour ce qu’elle possède, mais pour ce qu’elle est.

 

L’homme est voué à l’anéantissement s’il ne prend pas conscience de la situation. L’homme meurt sous le poids du fardeau qu’est la société de consommation. La société asservit l’homme .Dans cette situation l’homme n’est plus libre : l’homme est devenu un esclave de la société. L’homme ne peut plus exercer sa véritable liberté. Un homme libre n’est pas celui qui dit « oui », mais c’est un homme qui sait dire « non » : Non  à la destruction de l’humanité, et par la même de son propre être, de sa propre identité. Un homme libre est celui sait réfléchit avant d’agir,  qui pose un acte censé, c’est-à-dire en vue d’un bien, mais aussi du Bien. Un homme libre est un homme qui veut le bien de la société certes, mais le bien de la société par des actions morales, justes et vraies, c’est-à-dire au service de l’humanité, de son épanouissement. Un homme libre est un homme qui est vrai avec lui-même et avec les autres, c’est-à-dire qui agit Dans la vérité et Pour la vérité. Ce n’est pas la liberté qui rendra une personne vraie, mais c’est une personne agissant dans la Vérité qui sera libre.

Il est donc urgent de réfléchir, en se posant les bonnes questions : les actions que je pose, les décisions que je prends sont –elles au service de l’homme ?

 

Il y a deux chemins indispensables qui permettent à l’homme de connaître et de se connaître, c’est-à-dire d’aimer et de se laisser aimer : La philosophie et la Foi.

La Foi est ce qui relie la créature à son Créateur. La Foi est ce qui permet à l’homme d’aimer et de se laisser aimer, car il se sait aimer.

 

Il serait intéressant de terminer cette réflexion par deux citations qui prolongeront l’idée centrale de ces dernières lignes, à savoir que la Foi et la raison sont indispensables pour connaître le monde et se connaître à travers le monde :

 

–          La première est de Saint Augustin : « La philosophie est  la servante de la théologie ». il ne peut donc y avoir de  véritables réflexions sans le regard de la Foi. La philosophie est au service de la théologie comme l’homme est au service de Dieu, en servant l’humanité.

 

–          La seconde est de Jean-Paul II, tiré de son encyclique Fides et Ratio : « La foi et la Raison sont comme deux ailes indispensables qui un jour nous feront connaître la splendeur de la Vérité ».

 

Ne traçons pas un tableau pessimiste de la société actuelle, mais permettez d’affirmer ensemble que c’est un tableau réaliste. C’est pourquoi, il n’est jamais trop tard : travaillons au service de l’homme et de l’humanité. L’homme doit prendre le temps de s’arrêter pour réfléchir, non pas seulement à l’acte qu’il va poser, mais aux conséquences qu’engendrera son acte. L’homme n’est pas un « animal  qui avance à l’abattoir » : il est un Etre libre, c’est-à-dire  un homme qui aime et qui se laisse aimer, car non seulement il se sent aimer, mais aussi, il se sait aimer.

 

Par la Foi et la Raison, l’homme ne meurt pas ! Au contraire, il vit !

 

 

 

 

                                                                        Emmanuel Leclercq

                                                                                                                               Juillet 2009

  Doctorant en Philosophie

 

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