Articles universitaires

Vérité et Certitude

« Enseigner dans la lumière du Christ »
La vérité est – elle une certitude ?

Samedi 5 novembre 2011 – 10h
Emmanuel Leclercq
Bourg en Bresse
(Groupe d’enseignants catholiques du public et du privé)
Presbytère du Sacré Cœur.

 

Commentaire de la conférence de Benoît XVI aux universitaires.

(19 Août 2011. JMJ Madrid)

 

« Soyez pour les jeunes, un encouragement et une force ! » 

 

Quel merveilleux texte ! Quelle incroyable richesse ! Quelle limpidité et clarté !

 

J’aimerai en faire un commentaire linéaire tant ce texte est riche, mais le temps étant restreint, je me contenterai, veuillez m’en excuser, de faire un commentaire général.

Je découperai ma réflexion en 2 parties :

 

I)-Pourquoi cette conférence ? (contexte spirituel et philosophique)

II)-Comment l’appliquer au quotidien en tant qu’enseignant ?

 

I)                   Pourquoi ce texte ?

 

Essayons tout d’abord de voir le contexte dans lequel est écrit ce texte.

Dans son œuvre d’évangélisation du monde, l’Eglise suit avec attention et discernement les rapides changements culturels et sociétales. Parmi ces mutations de la culture dominante, certaines, particulièrement profondes, concerne la conception de la vérité. Très souvent, en effet, on rencontre aujourd’hui une défiance à l’égard de la capacité qu’à l’intelligence humaine d’atteindre une vérité objective et universelle qui permette aux personnes de s’orienter dans leur vie. En outre, l’impact des sciences humaines et les conséquences du développement scientifique et technologique constituent de nouveaux défis pour l’Eglise.

Il ya quelques quelques années ,Jean –Paul II dans sa lettre encyclique ‘Fides et Ratio’ (14 septembre 1998), a voulu rappeler la nécessité de la philosophie pour progresser dans la connaissance de la vérité et humaniser toujours plus notre existence terrestre. La philosophie en effet « contribue directement à poser la question du sens de la vie et à en ébaucher la réponse » (ref FR n°3).(Philosophie = Amour de la sagesse : sagesse ? = amour du Vrai, du Beau, du Bien) Dans cette lettre, JPII se centre sur la question de la vérité et sur son fondement en relation avec la foi. Il poursuit ainsi la réflexion entreprise dans la lettre encyclique Veritatis Splendor, du 6 août 1993, sur la vérité au plan moral). Cette question naît soit de l’émerveillement que l’homme éprouve face aux personnes et au cosmos, soit des expériences douloureuses et tragiques qui tourmentent sa vie. Le savoir philosophique apparaît donc ainsi comme « l’un des devoir les plus nobles de l’humanité » (Fides et Ratio n°3)

Les courants philosophiques se sont multipliés au cours de l’histoire, manifestant la richesses des recherches rigoureuses et sapientielle de la vérité : En effet, si les sagesses antiques ont contemplé l’être sous l’angle du cosmos, les pensées patristiques et médiévales, les ont approfondies et purifiées en discernant en celui-ci la création libre d’un Dieu « sage et bon » (Ref Livre de la Sagesse 13,1-9). Les philosophes modernes ont singulièrement valorsié la liberté de l’homme, la spontanéité de la raison et sa capacité à mesurer et maitriser l’univers (ref Descartes, Discours de la méthode 1736: « être maitre et possesseur de la nature »). L’homme moderne veut tout maitriser. Récemment un certain nombre  de courant contemporains, plus sensible à la vulnérabilité de notre savoir et de notre humanité, ont centré leur réflexion sur les médiations langagières et culturelles (Ref  FR n°3). Enfin, comment ne pas souligner les remarquables efforts de compréhension de l’homme, du monde et de l’Absolu dans les différentes cultures , par exemple asiatiques et africaine ?

Cette généreuse exploration du dire ne doit toutefois jamais oublier son enracinement dans l’être. « la composante métaphysique » est la voie nécessaire pour surmonter la situation de crise qui s’étend actuellement dans de larges secteurs de la philosophie et pour corriger ainsi, certains comportements déviants répandus dans notre société » (ref FR n° 83). Voilà pourquoi les philosophes sont invités à retrouver avec force la « vocation originelle » de la philosophie (Ref FR n°6) : la recherche du vrai et sa dimension sapientielle et métaphysique ».

La sagesse considère les principes premiers et fondamentaux de la réalité, et cherche le sens ultime et plénier de l’existence, (pour-quoi (pour faire quoi) l’existence), permettant ainsi d’être « l’instance critique et déterminante qui montre aux divers domaines du savoir scientifique leurs fondements et leurs limites » et se poser « comme l’instance dernière de l’unification du savoir et de l’agir humain , les amenant à converger vers un but et un sens dernier » (Ref FR n°81). La caractère sapientiel de la philosophie implique donc « sa portée authentiquement métaphysique » c’est-à-dire apte à transcender les données empiriques pour parvenir, dans sa recherche de la vérité, à quelque chose d’absolu, d’ultime et de fondateur (Ref FR n°83). En effet, la métaphysique (ou philosophie première) traite de l’être et de ses attributs ; en ce sens, elle s’élève à la connaissance des réalités spirituelle et cherche la cause première de toutes les choses (Ref St Thomas d’Aquin, Commentaire de la Métaphysique d’Aristote, 1 partie).(Aristote l’appellera la ‘causa sui’). Toutefois cette insistance sur le caractère sapientel et métaphysique, ne doit pas être comprise comme une concentration exclusive sur la philosophie de l’être. Toutes les différentes parties de la philosophie sont nécessaires à la connaissance de la réalité. Ainsi, le champ propre d’étude et la méthode spécifique de chaque partie seront respectés au nom de l’adéquation à la réalité et des différents modes humains de connaissance.

Nous sommes donc confrontés aujourd’hui à une « fragmentation du savoir qui entrave             l’unité intérieure de l’homme contemporain, parce qu’elle entraine une approche parcellaire de la vérité et que par conséquent, elle fragmente le sens »

Dans cette perspective chrétienne, la vérité ne peut donc être séparée de l’amour :

–          d’une part, la défense et la promotion de la vérité sont une forme essentielle de la charité : « défendre la vérité, la proposer avec humilité et conviction et en témoigner dans la vie sont par conséquent des formes exigeantes et irremplaçables de la charité »(Ref Benoît XVI, Caritas in Veritate juin 2009).

–          D’autre part, seule la vérité permet une vraie charité : « la vérité est une lumière qui donne sens et valeur à la charité »(Ref Caritas in Veritate n°3).

–          Enfin, la vérité et le bien sont en étroite connexion : « la vérité signifie davantage que le savoir : la connaissance de la vérité a pour objectif, la connaissance du bien. Telle est également le sens de l’interrogation socratique : quel est le bien qui nous rend vrai ? la vérité nous rend bons et la bonté est vraie »( Ref Benoît XVI, Allocution pour la rencontre avec l’Université de la Sapienza à Rome, le 17 janvier 2008). En offrant une vision organique du savoir qui n’est pas séparé de l’amour, l’Eglise peut apporter une contribution propre et capable d’exercer une influence efficace aussi sur les projets sociaux et culturels.

Ainsi la philosophie qui est cultivé au sein de l’Université est appelé en 1 lieu, à exercer, développer, et défendre une rationalité ouverte, à des horizons ‘plus amples ». Ainsi elle montrera qu’il devient à nouveau possible d’élargir les horizons de notre rationalité, de conjuguer les différentes disciplines que nous enseignons, dans un grand respect de leur autonomie réciproque, mais également en ayant conscience de l’unité intrinsèque qui les relie.(Ref Benoît XVI, Discours aux participants du 4 congrès national de l’Eglise italienne, à Veronne, le 19 octobre 2006 ).

Du point de vue institutionnel, retrouver « ce grand logos » cette aptitude de la raison, est finalement « la grande tâche de l’université ».

 

 

 

II )      Comment l’appliquer au quotidien ?

 

Les enseignants doivent transmettre l’amour de la vérité et éduquer aux valeurs morales et spirituelles authentiques  (extrait d’une intention de prière de Benoît XVI en septembre dernier lors des rentrées scolaires et universitaires).

L’enseignant doit en effet aspirer à transmettre l’amour de la vérité. Si on ne sait pas ce qu’est le bien et le mal, si tout est relatif, alors se pose la question ‘à quoi éduquer ‘ ? c’est une question brûlante actuellement, (en plus face au relativisme concernant les valeurs et les vérités fondamentales de la vie).

L’éducation ne peut pas être réduite à la transmission des connaissances. Il faut éduquer la personne pour qu’elle sache (mais surtout pour qu’elle veuille), utiliser ces connaissances et ces capacités pour le bien. Il faut que l’enseignant est un véritable projet éducatif fondé sur le caractère central de la personne humaine, sur son intégrité. De plus, la formation intellectuelle doit former la personne en la rendant capable d’être critique, d’être ne mesure de juger et d’évoluer toute seule, de ne pas être esclave de propagandes et d’idéologies.

L’enseignant ne doit pas seulement  transmettre des connaissances, mais doit former la personne, dans son intégrité. Il doit l’aider à s’approcher de la Vérité.

 

 

Cet exposé est se poursuit par une discussion dans le groupe d’enseignant.

 

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